Article du site www.lemonde.fr (15/01/2013)
Des dizaines de millions de personnes pourraient
échapper à des inondations ou à la sécheresse d'ici à 2050 si les
émissions de gaz à effet de serre, à l'origine du changement climatique,
étaient plus fortement et plus rapidement limitées. C'est la conclusion
d'une nouvelle étude publiée dans Nature Climate Change,
dimanche 13 janvier. Celle-ci se veut la plus complète à ce jour sur
les conséquences du réchauffement que les Etats pourraient éviter à
l'échelle globale et régionale.
L'équipe de chercheurs anglais et allemands s'est penchée sur six grandes trajectoires : d'un côté, une politique
plus ou moins active en faveur du climat conduisant à un pic des
émissions soit en 2016 soit en 2030, suivi d'une baisse des rejets de 5 %
ou bien de 2 % par an ; de l'autre, la poursuite du "business as
usual", tel que défini dans les scénarios A1B (croissance économique
très rapide qui s'appuie sur des sources d'énergie équilibrées entre
fossiles et renouvelables) et A1F1 (scénario le plus polluant, avec un
fort recours aux énergies fossiles) décrits par le Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
Pour chacune de ces hypothèses, les chercheurs ont examiné les
conséquences sur des indicateurs comme les inondations, la sécheresse,
la disponibilité en eau ou encore la productivité agricole.
HAUSSE DU NIVEAU DES MERS ET INONDATIONS
Le scénario le plus strict, à savoir des émissions de gaz à effet de serre qui commencent à diminuer dès 2016 à un rythme de 5 % par an, est le seul à permettre aux nations de respecter
l'objectif d'une hausse de la température mondiale limitée à 2 °C d'ici
à la fin du siècle. En cas d'un pic en 2030, la température se situera
autour de + 2,5 °C, selon l'étude, tandis qu'elle augmentera de 4 °C à
5,6 °C en cas d'absence de mesures de limitation des émissions.
De même, le niveau de la surface des mers s'élèvera de 30 cm d'ici à
2100 dans le premier cas, de 35 cm dans le deuxième et de 47 à 55 cm
dans le dernier. Conséquence : dans un scénario de pic en 2016, 100 à
161 millions de personnes pourraient échapper à des inondations d'ici à
2050 par rapport aux scénarios A1B et A1F1 du GIEC ; mais elles ne
seraient plus que de 52 à 120 millions si les émissions continuaient de
croître quatorze ans de plus.
SÉCHERESSE ET PRODUCTIVITÉ AGRICOLE
La sécheresse est le second domaine à être sensible à une action
rapide pour réduire les émissions. Un pic des rejets en 2016 permettrait
ainsi à entre 39 et 68 millions de personnes d'être épargnées par la
sécheresse d'ici à 2050, contre de 17 à 48 millions pour un pic en 2030.
Certains impacts négatifs du changement climatique pourraient aussi
être retardés de plusieurs décennies. Selon l'étude, la productivité du
blé de printemps devrait diminuer
de 20 % dans les années 2050, mais la baisse des rendements pourrait
être retardée jusqu'en 2100 en cas d'action stricte contre le
réchauffement – dans le cas contraire, cette baisse pourrait atteindre 60 %.
Au total, selon l'étude, de 20 % à 65 % des impacts négatifs prédits
par les scénarios pessimistes du GIEC pourraient être évités d'ici à la
fin du siècle grâce à des mesures ambitieuses de lutte contre le
changement climatique et de limitation des gaz à effet de serre.
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