dimanche 29 juillet 2012

Le nucléaire dans le monde : fin de la « renaissance »


Vingt ans après sa première édition, le World Nuclear Status Report 2012 dresse l'inventaire d'une industrie nucléaire en perte de vitesse dans le contexte actuel de crise financière, et encore frappée par les effets de Fukushima.

Durant la seule année 2011, la situation mondiale du nucléaire a été bouleversée : 19 réacteurs nucléaires ont été définitivement déconnectés dans le monde, tandis que 7 étaient mis en service. Quatre pays ont annoncé leur sortie du nucléaire : l'Allemagne, la Belgique, la Suisse et Taiwan. Cinq autres se sont retractés : l'Egypte, l'Italie, la Jordanie, le Koweit et la Thaïlande. L'Iran est le seul pays au monde à s'être engagé dans un programme électro-nucléaire commercial, depuis la Roumanie en 1996. Les chantiers sont arrêtés en Bulgarie et au Japon.

Etabli par les experts indépendants Mycle Schneider et Antony Froggatt en collaboration avec Julie Hazemann, le World Nuclear Industry Status Report 2012 résume la situation : en 2011 quatre nouveaux chantiers de réacteurs ont été lancés, et en 2012 deux. La France, l'Inde, le Brésil et les Etats-Unis ont annulé les nouveaux chantiers. Aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, des compagnies clés se sont retirées des projets. La certification de nouvelles technologies de réacteurs est reportée, c'est le cas du réacteur franco-allemand EPR qui ne sera pas agréé aux Etats-Unis avant fin 2014. Dans divers pays, les chantiers en cours ont pris du retard, en Chine, en Arménie, en Finlande et aux Etats-Unis. Sur 59 unités en construction dans le monde, au moins 18 connaissent des retards de plusieurs années. Le projet de la centrale Watts-Bar-2 aux Etats-Unis bat tous les records : la construction a commencé en 1973, et la mise en service a été reportée jusqu'en 2015 ou 2016.

Chantiers en déshérence et dérive des coûts
Quant aux nouveaux candidats à l'industrie nucléaire, tels que le Bangladesh, le Belarus, l'Indonésie, la Jordanie, la Pologne, l'Arabie saoudite, la Turquie, les Emirats arabes unis et le Vietnam, ils reculent devant les contraintes financières et les difficultés d'implantation liées à leurs conditions climatiques spécifiques, comme l'absence d'eau pour refroidir les réacteurs. Dans ces pays, l'implantation d'énergies renouvelables et l'utilisation du gaz naturel s'avèrent moins coûteuses et plus facile à implanter.

Les coûts de construction de certains projets se sont emballés : celui de l'EPR a été multiplié par 4 hors inflation, celui de la centrale de Watts-Bar-2 a augmenté de 60% au cours des cinq dernières années. Sur 11 compagnies nucléaires, 7 ont été dégradées par l'agence Standard & Poor's pendant la même période. Quatre compagnies sont restées stables, mais aucune n'a vu sa note rehaussée. Les agences de notation considèrent le nucléaire comme un secteur à risque. Moody's s'est félicitée que les firmes allemandes RWE et E.ON se soient débranchées des centrales en projet en Grande-Bretagne, estimant que ces compagnies pouvaient à la place se focaliser sur des investissements moins risqués. Moody's a également salué la décision de Siemens de se retirer du secteur de l'électricité nucléaire, estimant que ce retrait libérerait des fonds à investir dans des activités dotées d'une meilleure visibilité. Tepco a perdu 96% de sa valeur depuis la catastrophe de Fukushima, EDF 82% et Areva 88%.

Les renouvelables triomphent
En contraste avec le secteur du nucléaire, les investissements dans les énergies renouvelables connaissent une nette accélération, malgré le contexte de crise et le renoncement de certains pays aux tarifs de rachat régulés. Depuis 2004, les investissements dans les énergies renouvelables ont pratiquement quintuplé. Selon Bloomberg Energy Finance, l'investissement cumulé dans les énergies renouvelables a augmenté de plus de 1000 milliards de dollars depuis 2004, alors que dans le même temps les investissements dans le nucléaire n'ont canalisé que 120 milliards de dollars. Les variations de ces investissements sont essentiellement tributaires des programmes électro-nucléaires chinois, la Chine concentre 40% des chantiers de construction de centrales. Cependant, sur les 26 réacteurs nucléaires en cours de construction ou en projet en Chine, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) n'a pu annoncer aucune date de mise en fonctionnement.

La Chine est un bon marqueur de l'évolution de l'industrie nucléaire. La puissance éolienne y a été multipliée par 50 durant les cinq dernières années, pour atteindre 63 gigawatts (GW), soit cinq fois plus que la capacité nucléaire installée en Chine et l'équivalent de celle de la France. L'énergie solaire installée a été multipliée par 47 durant les cinq dernières années pour atteindre 3,8 GW, tandis que la capacité nucléaire n'a même pas doublé, atteignant seulement 12 GW. Depuis 2000, la capacité nucléaire de l'Union européenne a décru de 14 GW tandis que 142 GW d'énergies renouvelables ont été installés, soit 18% de plus que le gaz naturel, d'une capacité de 116 GW dans l'UE.

La quantité d'électricité produite par le nucléaire n'a que très peu augmenté durant la dernière décennie. Il en résulte que la contribution de ce secteur au mix énergétique global est en décroissance tandis que d'autres sources accélèrent la production. En 2011, les turbines éoliennes ont produit 330 térawattheure (TWh) d'électricité en plus qu'à la fin du XXème siècle, ce qui représente une hausse de la production électrique 4 fois supérieure à la hausse de la production d'électricité nucléaire au cours de la même période. La hausse du solaire photovoltaïque a été impressionnante au cours des dernières années : elle a été multipliée par 10 depuis 5 ans. En Allemagne, pour la première fois, l'électricité produite à partir des renouvelables (122 TWh) a dépassé celle qui a été générée par le charbon (114,5 TWh) au cours des cinq dernières années. La production d'électricité renouvelable allemande correspond à 29% de la production française d'électricité nucléaire. La France génère près de la moitié de l'électricité nucléaire de l'Union européenne. En Chine, il y a tout juste 5 ans, les centrales nucléaires produisaient 10 fois plus d'électricité que l'éolien. En 2011, la différence n'est plus que de 30%. Les deux tiers des 31 pays nucléarisés du globe ont passé leur pic de génération d'électricité nucléaire.

vendredi 27 juillet 2012

La fin de la planète en 2100 ?

 
C'est la rumeur qui enflamme la Toile depuis plusieurs semaines : les écosystèmes de la planète pourraient connaître un effondrement total et irréversible d'ici 2100. A l'origine de cette prophétie apocalyptique, non une secte d'illuminés, un médium en manque de publicité ou le dernier blockbuster américain en vogue. Non, l'allégation est issue d'une étude de la très sérieuse revue Nature, référence parmi les publications scientifiques. La thèse ? L'environnement, sous l'effet des dégradations causées par l'homme, pourrait franchir un point de non-retour avant la fin du siècle.

Dans Approaching a state-shift in Earth’s biosphere, les auteurs, 22 chercheurs appartenant à une quinzaine d'institutions scientifiques internationales, alarment sur une perte de la biodiversité de plus en plus rapide et une accélération des changements climatiques.

Selon l'étude, presque la moitié des climats que nous connaissons aujourd'hui sur la Terre pourraient bientôt avoir disparu. Ils seraient ainsi remplacés, sur entre 12 % à 39 % de la surface du globe, par des conditions qui n'ont jamais été connues par les organismes vivants. Et ce changement s'effectuerait de manière brutale, empêchant les espèces et écosystèmes de s'y adapter.
Les bouleversements des milieux naturels ont toujours existé, rappelle l'étude, que ce soit à une échelle locale - au niveau des bassins ou des récifs coralliens par exemple -, régionale - il y a 5 500 ans, le Sahara était constitué de prairies fertiles - ou planétaire. La Terre a ainsi connu sept grandes crises : l'explosion cambrienne, il y a 540 millions d'années, les cinq extinctions massives qui ont anéanti pour certaines jusqu'à 90 % de la vie sur Terre et le passage de la dernière période glaciaire à notre époque, il y a 12 000 ans.

Mais alors que l'explosion cambrienne et le réchauffement de l'Holocène ont été déclenchés par des catastrophes naturelles, des changements dans la composition des océans et de l'intensité solaire, une nouvelle pression est aujourd'hui exercée sur les écosystèmes : celle de 7 milliards d'êtres humains - et 9 milliards en 2050.

"A l'époque où la planète est passée d'une période glaciaire à celle actuelle, interglaciaire, des changements biologiques des plus extrêmes sont apparus en seulement mille ans. A l'échelle de la Terre, c’est comme passer de l’état de bébé à l’âge adulte en moins d’une année. Le problème, c'est que la planète est en train de changer encore plus vite aujourd'hui", explique Arne Moers, co-autrice de l'étude et professeure en biodiversité à l'université Simon Fraser de Vancouver.

Et la chercheuse de poursuivre : "La planète ne possède pas la mémoire de son état précédent. Nous prenons un énorme risque à modifier le bilan radiatif de la Terre : faire basculer brutalement le système climatique vers un nouvel état d'équilibre auquel les écosystèmes et nos sociétés seront incapables de s'adapter. [...] Le prochain changement pourrait être extrêmement destructeur pour la planète. Une fois que le seuil critique sera dépassé, il n’y aura plus de possibilité de revenir en arrière."

D'après l'étude, ce seuil correspondrait à l'utilisation de 50 % des ressources terrestres. Or, aujourd'hui, 43 % des écosystèmes terrestres sont déjà utilisés pour subvenir aux besoins des hommes. Un tiers de l'eau douce disponible est par ailleurs détourné pour un usage humain. Les taux d'extinction des espèces sont à des sommets jamais atteints durant l'ensemble de l'évolution humaine - de 10 à 100 fois le rythme naturel d'extinction constaté par les scientifiques sur une période de 500 millions d'années, alors qu'il pourrait être bientôt 10 000 fois supérieur. Et les émissions de CO2 ont augmenté de 35 % depuis l'ère pré-industrielle du fait de la combustion d'énergies fossiles.

L'évolution de l'utilisation des sols au cours des siècles, alors que la population mondiale augmente :
"Au vu de ces éléments, on peut affirmer qu'un basculement est très plausible au cours du siècle prochain", assure Anthony Barnosky, paléobiologiste à l'université de Californie à Berkeley. Toutefois, d'importantes incertitudes demeurent : "Il s'agit de savoir si ce changement planétaire est inévitable et, si oui, dans combien de temps il surviendra."

Une prudence partagée par nombre de scientifiques qui ont lu l'étude. Pour Brad Cardinal, biologiste à l'université du Michigan, interrogé par le magazine américain Wired, cette recherche est probante mais pas concluante : "Ce n’est pas la première fois qu’une étude du genre est publiée. Seul le temps nous permettra de savoir si ces résultats se vérifient ou pas." "Il faut se méfier de l’interprétation qui en est faite dans certains médias, selon lesquels la Terre pourrait ne pas atteindre le XXIIe siècle. La planète ne va pas disparaître avant 4 milliards d’années et elle restera habitable bien longtemps encore. Mais les dégradations en cours vont affecter nos conditions de vie", tempère de son côté le climatologue Jean-Pascal van Ypersele, vice-président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans une interview au magazine belge Le Vif/L'Express.

Reste qu'un véritablement changement des modes de vie est nécessaire et urgent. Les 22 scientifiques de l'étude proposent aux gouvernements d'entreprendre quatre actions immédiates : diminuer radicalement la pression démographique ; concentrer les populations sur les zones enregistrant déjà de fortes densités afin de laisser les autres territoires tenter de retrouver des équilibres naturels ; ajuster les niveaux de vie des plus riches sur ceux des plus pauvres ; développer de nouvelles technologie permettant de produire et de distribuer de nouvelles ressources alimentaires sans consommer davantage de ressources.

mercredi 18 juillet 2012

Développement Durable : un guide pour contrer les vraies / fausses bonnes raisons de ne pas agir

« Le pétrole, quand y’en a plus, y’en a encore ! » ou « On ne peut tout de même pas revenir à l’âge de pierre ! » . Si vous êtes engagés en faveur du développement durable mais que vous vous sentez démunis face à ces réactions, ce guide vous donnera des repères pour identifier le profil d’écolo sceptique auquel vous avez affaire et quelques clés pour le convaincre !  


Réalisé par « Des Enjeux et des Hommes » et par l’école de commerce « Euromed Management », il présente une cartographie de réticents et des techniques pour gérer les objections.
 


Pour faire face aux aquabonistes, par exemple, qui baissent les bras d'avance (« De toute façon, c'est trop tard, le climat est déréglé », « Tant que les chinois ouvriront une centrale à charbon par semaine »), vous découvrirez la façon de les amener à relativiser leur point de vue en prenant conscience des avancées déjà réalisés et de les convaincre qu’ils peuvent contribuer à leur échelle. Pour faire face aux « court-termistes » (« De toute façon, je ne serai plus là au moment où les choses n’iront plus »), peu concernés par les efforts collectifs, vous trouverez des idées pour faire appel à leur sens des responsabilités et leur montrer les bénéfices personnels qu’ils pourront en retirer !


Que vous soyez un manager qui doit mobiliser ses équipes autour de sa stratégie RSE, un collaborateur qui souhaite gérer les idées reçues de ses collègues ou de ses partenaires, ou un simple citoyen qui veut convaincre famille et amis, ce guide vous aidera à entrainer dans l’action darwinistes, désorientés, scientistes, relativistes et manichéens … et pourquoi pas, à en faire des alliés !


Pour télécharger le guide : 


Participez au concours régional de Pocket Films sur le travail !

A l'occasion de la 9ème édition de la Semaine pour la Qualité de Vie au Travail, l'Aract des Pays de la Loire organise un concours de pocket films sur le travail. 
Ce concours de vidéos amateurs est ouvert à tous les salariés des Pays de la Loire. 

Chacun est invité à réaliser, à l'aide d'un téléphone portable ou d'un appareil photo numérique une vidéo montrant, analysant et mettant en scène son travail : Comment le vivez-vous ? Comment voyez-vous votre travail évoluer ?

Cet événement, à l'initiative des ARACT Basse-Normandie, Centre, Haute-Normandie, Pays de la Loire, Poitou-Charentes et l'Ile de la Réunion, permettra à un jury indépendant d'attribuer un prix par région et le prix du meilleur film inter-régional.

 

Modalités de sélection

Les films seront sélectionnés en fonction de critères d'originalité, de qualité et de pertinence au regard du thème du concours.

 

Dates clés à retenir :

  • 17 juillet 2012 : Lancement du concours
  • Du 17 juillet au 30 septembre 2012 : Dates de validité d'envoi des films
  • Du 1er octobre au 19 octobre 2012 : Sélection du film régional et du film interrégional
  • Du 22 au 25 octobre 2012 : Remise des prix (un prix régional et un prix interrégional)
  • Du 8 au 17 février 2013 : Présentation des films sélectionnés lors du Festival international "Filmer le travail" à Poitiers

Pour participer, rendez-vous sur le site dédié et envoyez vos films directement sur la plateforme web :
aract-paysdelaloire.pocketfilmtravail.com

lundi 16 juillet 2012

Les enseignes lumineuses s'éteignent le 1er juillet

Article du site http://www.directmatin.fr/ (28/06/12)

Les enseignes lumineuses s'éteignent le 1er juillet

Tout le monde s’est habitué à ce que la nuit, les enseignes lumineuses des magasins et des entreprises illuminent les villes. A partir du 1er juillet, l’obscurité reprend ses droits.

Dimanche 1er juillet, les enseignes lumineuses devront être éteintes entre 1 heure et 6 heures du matin partout en France. Dans un premier temps, le décret qui entre en vigueur dans quelques jours, issu de la loi Grenelle II, s’appliquera aux nouvelles installations avant de s’imposer aux autres enseignes existantes avant 2018. Il s'imposera également aux publicités.

La durée de l’extinction a été fixée de manière à faire coïncider le fonctionnement de ces dispositifs avec le temps de vie sociale et la présence effective des personnes dans l’espace public. Des dérogations sont envisageables pour des événements exceptionnels comme le Festival de Cannes ou la Fête des Lumières à Lyon.

Le but de cette mesure est bien sûr de faire des économies d’énergie. Le parc d’enseignes lumineuses représente une puissance installée d’environ 750MW soit plus de la moitié d’une tranche nucléaire récente à pleine charge. Les économies d’énergie attendues s’élèvent à environ 800GWh annuels pour les enseignes et plus de 200GWh pour les publicités, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle (hors chauffage et eau chaude) de plus de 370 000 ménages. Combinées, ces deux dispositions permettront d’éviter le rejet chaque année de plus de 120 000 tonnes de CO2. 

Outre ces économies, l’extinction des lumières a également des impacts positifs sur la faune de nos villes. Des études scientifiques montrent que les animaux et en particulier les insectes sont désorientés par la lumière continue. Les amateurs d’astronomie pourront eux observer les étoiles sans être gênés par le halo de lumière positionné au-dessus des villes.   

lundi 9 juillet 2012

Vivre un an sans huile de palme, le bilan

Article du site http://ecologie.blog.lemonde.fr (05/07/2012) :

C'était le 3 juillet 2011. Adrien Gontier avait décidé de dire adieu aux plats préparés ou surgelés, biscuits variés, pâtes à tartiner et autres sauces toutes préparées. Une chasse de tous les instants à l'huile de palme, dont la production, considérée comme une calamité environnementale, est responsable d'une déforestation galopante d'une grande partie de l'Indonésie et de la Malaisie. Une année plus tard, l'étudiant strasbourgeois de 26 ans fait le bilan.

"L'expérience a été progressive. Au fur et à mesure de mes recherches, je découvrais constamment de nouveaux produits contenant de l'huile de palme, explique-t-il. Ce n'est finalement qu'aujourd'hui que je pense l'avoir en grande partie bannie." Car cette matière grasse bon marché se cache dans la moitié des produits vendus en supermarché : dans les rayonnages d'alimentaire, bien sûr, qu'il s'agisse des plats, boissons, lait pour bébé ou viennoiseries, mais aussi au fond d'une large partie des cosmétiques et des produits d’entretien, tels que les shampoings, gels douche, déodorants ou mousses à raser.

Et à chaque fois, la dénicher se révèle une tâche malaisée tant elle est présentée sous un vocable hermétique et varié. Si, sous sa forme pure, les fabricants parlent de "graisse végétale" ou d'"huile végétale", on retrouve aussi ses dérivés dans les additifs alimentaires (E 304, E 305, E 471) et dans les agents actifs (laurylsulfate sodium, acide palmitique, laureth sulfate, glycéryl stéarate). Pour s'y retrouver, l'étudiant en thèse de géochimie a dressé une liste de produits contenant de la palme et une liste des noms employés pour la désigner à partir d'informations glanées auprès des industriels et de ses connaissances.

Du côté des repas, Adrien Gontier n'a pas eu l'impression de se priver : déjà habitué à manger des produits "sains", il a opté pour des plats maison, à partir d'aliments bruts et simples, souvent locaux et bio. "Je me suis par contre aperçu que l'huile de palme était aussi présente dans nombre d'aliments biologiques et équitables, se désole-t-il. Les étiquettes, plus transparentes que celles des produits conventionnels, la présentent souvent comme durable, avec le label Table ronde sur l'huile de palme durable (RSPO). Mais en réalité, des rapports d'ONG ont prouvé que cette certification était un leurre." "Les critères du RSPO sont insuffisants et les contrôles laxistes", dénonçaient ainsi Les Amis de la Terre dans un rapport de mai 2011, estimant que certaines entreprises auraient recours à des plantations "vitrines" pour continuer à raser les forêts à tout va.

Là où l’expérience s'est vraiment corsée, c’est lorsque Adrien Gontier a dû choisir des cosmétiques et des produits d’entretien : "Tous les flacons vendus en supermarché contiennent de l’huile de palme. J’ai donc dû trouver des crèmes au beurre de karité, opter pour un rasoir électrique, et j’avais toujours un savon naturel, à base d’huile d’olive et de levure, sur moi, afin de l’utiliser dans les lieux publics à la place des 'pousse-mousse' traditionnels. Ce n'était pas vraiment pratique... Pour nettoyer mon appartement, j'ai utilisé du bicarbonate, du savon noir, du vinaigre et des huiles essentielles."

Dernière étape de l'expérience : Adrien a découvert que l'essence de sa voiture contenait elle aussi un peu d'huile de palme. Sur les 10 % d'agrocarburants imposés par l'Union européenne dans la composition du diesel, 1 % est ainsi constitué d'huile de palme, soit l'équivalent de deux cuillères à soupe pour un plein de 50 litres. "Cela semble négligeable, concède Adrien Gontier, mais cette quantité devient importante lorsqu'on la multiplie par le nombre de voitures en circulation. Sans compter que d'autres pays européens en consomment plus : en Italie, par exemple, on trouve un litre d'huile de palme par plein d'essence." Au total, sur les 5 millions de tonnes de palme importées chaque année en  Europe, un million se retrouve englouti par les agrocarburants, selon les chiffres du département d'agriculture américain de 2005. "J'ai donc essayé tant que possible de minimiser mes trajets en voiture et privilégier les transports en commun et le vélo. Mais ce n'était pas évident tout le temps", reconnaît l'étudiant.

"Au final, vivre en réduisant la consommation d'huile de palme est possible à condition de limiter les produits industriels et en lisant attentivement les étiquettes, conclut-il. Maintenant que j'ai pris le pli, je vais poursuivre mes efforts, sauf pour les sorties chez des amis ou restaurants, car c'était trop difficile."

Et ensuite ? l'étudiant a pensé à d'autres challenges : vivre un an sans soja, dont la culture accentue la déforestation en Amazonie, sans téléphone portable, pour dénoncer l'extraction des minerais par des enfants en Afrique, ou sans déchet (avec seulement un kg par personne et par an contre 350 kg actuellement en France). Mais ce sera après l'écriture de sa thèse.

Pour consulter l'article, cliquer ICI.

mercredi 4 juillet 2012

Bourges encadre les ondes

Article du site http://www.environnement-magazine.fr (22/06/2012) :

La ville de Bourges dresse un bilan très positif de sa politique en matière d’antennes relais. Une politique pragmatique qui lui a permis de répondre très concrètement aux inquiétudes des citoyens tout en encadrant les implantations.
« Depuis fin 2010, nous avons créé un observatoire des ondes qui répond gratuitement à toutes les demandes de mesure des expositions aux  ondes électromagnétiques », explique Philippe Bensac, maire-adjoint aux Nouvelles technologies.

L’acquisition de deux dosimètres portatifs à 5000 euros pièce (EME Spy de Microwave Vision), qui permettent d’analyser quatorze fréquences différentes (téléphone portable, micro-ondes, wifi, téléphone sans fil, box…), a déjà permis à la direction de l’Ecologie de réaliser 60 mesures chez des particuliers et 60 mesures dans des bâtiments communaux, en particuliers ceux recevant des enfants. Les demandeurs reçoivent leurs résultats (jusqu’ici toujours très en deçà de la réglementation) et des conseils pour réduire leur exposition.

Parallèlement, la ville en mis en place un comité de suivi rassemblant des représentants de chaque conseil de quartier, de l’agence régionale de santé, de l’UFC Que choisir, des agents municipaux et des élus. La démarche porte ses fruits : une seule demande de mesure a été enregistrée dans les six derniers mois.

Vis-à-vis des opérateurs, la collectivité n’y est pas allée par quatre chemins. Non seulement elle a limité la durée du contrat de location des emplacements publics à 3 ans mais elle a surtout triplé le loyer, passé aujourd’hui à 15 000 euros. « Nous souhaitons ainsi obliger les opérateurs à la co-localisation », explique Philippe Bensac. Sur les 40 antennes berruyères, six sont sur le domaine public, les autres sont installées chez des particuliers ou chez les bailleurs sociaux qui ont aussi passé leurs contrats en tacite reconduction annuelle. De quoi refroidir les ardeurs des opérateurs qui ont tout simplement suspendu leurs demandes en cours. L’épreuve de force a commencé. Mais la ville a déjà adopté une stratégie de fond. « Nous commencerons en 2013 le déploiement de la fibre optique », conclut Philippe Bensac.

lundi 2 juillet 2012

EKOFOPI : LE CAHIER MALIN

« Aujourd'hui, à l'école, les cahiers servent bien souvent de support pour coller des documents photocopiés ». C'est à partir de ce constat que Jean-Pierre Duval, installé dans le Morbihan, a créé Ekofopi. Cet « hybride entre le cahier et le classeur » permet d'engendrer des économies de papier pour les écoliers et professeurs. Avec un processus de fabrication inscrit dans une démarche de développement durable, il se veut également être un outil de sensibilisation des écoliers à la protection de l'environnement...

Tout a commencé alors que Jean-Pierre Duval venait de quitter son emploi qu'il a occupé pendant plus de 20 ans dans l'industrie automobile. « On me demandait d'aller en Chine, mais cela ne correspondait pas à ma vision des choses. Je suis par la suite devenu père au foyer »... Ayant du temps libre, c'est alors qu'il constate qu'il est temps de faire le tri dans les cahiers de ces enfants. « On avait déménagé plusieurs fois, et on se retrouvait avec un gros tas de cahiers. C'est là que je me suis aperçu que ceux-ci étaient en fait utilisés pour le collage de photocopies sur les pages. J'ai mené une petite enquête auprès du milieu enseignant, et la pratique est très répandue ! C'est là que l'idée d'un nouveau système, plus économique au niveau du papier utilisé, a germée » raconte Jean-Pierre Duval. Concrètement, le produit mis au point par Jean-Pierre Duval ressemble à un cahier, mais contient 96 pages d'une largeur de trois centimètres, « ce qui permet de coller des feuilles sur ces bandes » explique-t-il, « et on peut le faire recto-verso ». Une invention qui permet selon lui de réduire de 40 % le volume de déchets de papier produits par l'écolier et de 30 % le volume de photocopies pour les instituteurs, grâce à la possibilité d'utiliser du recto-verso. Mais Jean-Pierre Duval va plus loin et veut faire d'Ekofopi un outil de sensibilisation à l'environnement pour les écoliers...
 
Maitriser le bilan carbone
En effet, cet hybride cahier-classeur propose sur sa reliure un ensemble de textes destinés aux élèves, pour les informer sur la protection de l'environnement, avec « des gestes à faire tous les jours, ou la dénonciation de mauvaises pratiques ». De même, un agenda est inséré au milieu à l'intérieur sur un feuillet plus large, pour rappeler les dates importantes de l'année, telles que la Semaine du Développement Durable ou la Journée de l'Eau, par exemple.
 
Jean-Pierre Duval a aussi choisi d'inscrire tout son processus de fabrication de son Ekofopi dans une démarche de « développement durable », avec une certaine importance accordée au social, à l'économique et à l'écologique. « L''assemblage du cahier est réalisé par un atelier protégé spécialisé dans l'insertion de personnes handicapées, et j'ai choisi mes deux imprimeurs, qui sont des PME locales, en fonction de leurs pratiques : l'un récupère les calories émises par ses machines pour chauffer ses bureaux, et l'autre occupe un bâtiment à basse consommation énergétique », explique l'entrepreneur, qui a réfléchi à la maitrise de son bilan carbone. Une partie des bénéfices réalisés sur chaque cahier est destinée également à un programme de reforestation à Madagascar.
 
Jean-Pierre Duval, qui parcours actuellement les classes pour promouvoir son cahier, ne compte pas s'arrêter là, et a pour projet de mettre sur le marché de nouveaux produits,« trois vont sortir dans les trois ans à venir, à destination des écoles et toujours avec la même démarche ! ».

Plus d'infos sur le site d'Ekofopi